Leçons d’un jeune gestionnaire

J’avais terminé mes études en administration depuis plusieurs années, mais jusqu’à il y a deux ans, je n’avais jamais eu de poste de direction. J’avais travaillé beaucoup en gestion de projets dans des organismes à but non lucratif, en recherche, en enseignement et en conseil, mais aucun emploi dans lequel j’étais titulaire d’un poste de direction. Et puis en 2014, c’est arrivé, j’avais appliqué pour un poste de directeur adjoint, un poste davantage de soutien et de conseil. Après un mois dans l’organisation, on m’offrait un poste de direction avec quatre employés directement sous ma responsabilité et indirectement 90 employés. Voilà que le défi a commencé. Pour diverse raisons, je ne travaille plus pour l’organisation en question, malgré les succès et les échecs, je considère que ce poste m’a appris beaucoup sur la gestion, le travail d’équipe, le leadership et les jeux de pouvoir dans une organisation. Je suis en train de lire Sun Tzu, ce général qui a écrit l’Art de la guerre, un livre que je recommande à tous. En lisant ce livre, je constate que le rôle d’un gestionnaire correspond d’une certaine manière à celui d’un général sur un champs de bataille même si les enjeux pour lesquels on se bat sont de toute autre nature.

À la manière de Sun Tzu, mais sans la prétention d’avoir son art et son expérience, j’aimerais ici vous faire part des quelques leçons que j’ai retenues dans ma jeune carrière de gestionnaire. Je ne ferai que les énumérer pour cette fois, mais je reviendrai probablement sur certaines de ces leçons dans d’autres articles.

 

  1. Comme la mauvaise herbe, les petits problèmes deviennent rapidement gros, il faut les régler tout de suite.
  2. L’encadrement et le soutien de ton personnel direct est ta priorité, elle doit prendre la majorité de ton temps.
  3. Soit tolérant et aidant envers tes employés, mais lorsque tu n’as plus confiance en un employé, ne met plus d’effort à l’aider, restreint sa capacité de nuire et travaille pour qu’il prenne la porte de sortie.
  4. Tes subalternes sont attentifs à ton langage non-verbal, il vont suivre une personne qui démontre de la confiance, mais ils veulent aussi quelqu’un d’authentique capable de montrer ses faiblesses et accepter parfois qu’il a tord. Il faut un juste équilibre entre les deux.
  5. Ce même conseil doit s’appliquer lorsque tu traites avec tes supérieurs.
  6. Clarifie avec ton supérieur ton rôle, tes objectifs, tes limites d’action, demande lui conseil, mais ne le laisse pas prendre les décisions qui te reviennent, ne le laisse pas s’ingérer dans ta cour.
  7. Il est tentant de se rapprocher de ses employés, mais si tu veux garder ton autorité et ta capacité d’agir, il faut que tu gardes une certaine distance.
  8. Lorsque tu es trop occupé à éteindre des feux, tu n’as pas le temps de voir les problèmes venir et c’est toujours à recommencer. Si à chaque jour, tu t’occupes de problèmes opérationnels, c’est que tu dois déléguer davantage ou rendre tes subalternes plus autonomes.
  9. Les jeux de pouvoir existent dans toutes les organisations, établie et révise régulièrement la carte politique de ton organisation pour savoir qui sont tes alliés et tes adversaires.
  10. Si tu vois que tu vas t’échouer, change de cap, mais ne revient pas en arrière et évite les changements brusques, comme un bon barreur essaie de virer sans que tes passagers s’en aperçoivent. Les mouvements brusques répétés effraient les passagers et te feront perdre rapidement toute crédibilité comme capitaine.
  11. Exige la rigueur, ne soit pas tolérant envers les retards, les rapports mal remplis, le non-respect des consignes, ces petits détails démontrent un manque d’application et cachent souvent des problèmes plus gros.
  12. Les rumeurs, les discussions de couloir tuent l’esprit d’équipe et la motivation. Comme il est difficile de censurer le personnel, il faut devancer les rumeurs, il faut avoir des oreilles partout, communiquer en étant transparent et en évitant les ambiguïtés. Il faut s’assurer que toute l’équipe tienne le même discours.
  13. Les réunions sont essentielles, mais elle viennent rapidement prendre tout le temps d’un gestionnaire, elle doivent être le plus courtes possible et à une fréquence raisonnable (voir : le secret pour des réunions efficaces)
  14. La bureaucratie de l’organisation tue ta flexibilité et ta capacité d’action, défend ton autonomie et essaie le plus possible de passer sous les radars des contrôleurs.
  15. La jalousie existe même chez les adultes, soit juste, mais surtout assure toi que les gens reconnaissent ton sens de la justice.
  16. Il ne faut pas marcher sans carte et boussole, il faut planifier et calculer le plus précisément possible les ressources et le temps nécessaire pour atteindre tes objectifs, il faut aussi mesurer régulièrement ton avancé pour savoir s’il faut faire des correctifs.

Jérôme Guy, BAA, MBA

https://ca.linkedin.com/in/jeromeguy

Photo à la une : apprentissage de l’écriture chinoise, Tainan, Taiwan, prise par Fu-yen Chang, 2015.

  1. Fichier 16-01-06 17 34 49

 

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5 Comments Add yours

  1. Joanne Doucet dit :

    Très intéressant ! 😉

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    1. jeromeguy dit :

      Merci Joanne, plusieurs de mes réflexions ont émergé à la suite de discussions avec toi

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  2. ALINE FORTIN dit :

    Vraiment bien. Je me suis remise en question malgré que je ne suis plus à un poste de direction depuis 20 ans.

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