Au mois de novembre 2015, j’ai voyagé pendant un mois à Taiwan une île magnifique située tout près de la Chine. J’ai découvert des gens très sympathiques et une société imprégnée par la culture chinoise, mais influencée aussi par les manières japonaises.
Bien que dans la majorité des cas, je pouvais échanger en anglais, plusieurs fois, j’ai dû faire face à un interlocuteur qui parlait uniquement le mandarin, une langue que je ne maîtrise malheureusement pas, une langue qui contrairement à l’anglais ou l’espagnol n’a aucune ressemblance avec le français, donc aucun mot que l’on peut reconnaître.
Ce qui m’a étonné, c’est que j’ai toujours réussi malgré la barrière de la langue à obtenir ce dont j’avais besoins.
Dans la plupart des cas, il s’agissait de commander de la nourriture, on réussissait à se comprendre en pointant des choses, en utilisant des signes, en étant attentif à l’intonation et les expressions faciales et bien sûr en ayant connaissance du contexte. Vis à vis les Taïwanais, j’étais un peu mal à l’aise de ne pas parler leur langue, mais j’ai été séduit par leur patience et par les efforts qu’ils faisaient pour me comprendre. Bien sûr, il s’agissait d’échanges très simples, nous n’aurions pas réussi à entreprendre une conversation plus complexe, mais nous avons réussi malgré tout à échanger.
Alors s’il est possible de discuter avec un étranger qui ne parle pas notre langue, pourquoi est-il souvent si difficile de communiquer avec un membre de notre famille ou un collègue de travail qui parle la même langue et qui partage la même culture?
Je crois qu’une partie de la réponse se cache dans les attentes que nous avons envers notre interlocuteur. Mon interlocuteur taïwanais et moi n’avions aucune attente qu’en à la capacité de l’autre de comprendre, c’est pourquoi nous prenions toutes les précautions nécessaires pour se faire comprendre l’un de l’autre.
Notre communication commençais par un état d’esprit : patience et respect de l’autre.
Souvent lorsqu’on parle à un collègue, on prend pour acquis qu’il devrait comprendre ce qu’on dit et ainsi on escamote les étapes d’une bonne communication.
On réalise rarement que des barrières de communication peu visibles existent chez des interlocuteurs qui partagent la même langue. Pour éviter les distorsions, avant de communiquer, on devrait se poser les questions suivantes :
- Est-ce que la personne a connaissance du contexte de mon intervention?
- Est-ce qu’elle maîtrise le langage technique ou les expressions familières que j’utilise?
- Est-ce qu’elle décode bien mon langage non-verbal?
- Quelle est sa façon de percevoir le monde? Est-elle visuelle ou auditive? Intuitive ou cartésienne?
- Quel est son état d’esprit? Est-elle préoccupée par quelque chose? Est-elle à l’aise de me poser des questions?
Tous ces aspects sont selon moi l’équivalent de ne pas parler la même langue que son interlocuteur. Alors, la prochaine fois que vous aurez à communiquer avec une nouvelle personne ou une personne avec qui vous avez des difficultés de communication, imaginez qu’elle ne parle pas votre langue, comme ça vous ne négligerez pas les efforts pour comprendre la personne et pour vous assurer que la personne a bien compris.
Jérôme Guy, BAA, MBA
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Photo à la une : Restaurant de nouilles, Tainan, Taiwan, prise par Jérôme Guy, 2015.