Think like a freak

Il y a certains livres qui vous marquent car ils révèlent des vérités rarement abordées ou présentent la réalité sous un angle nouveau. Ici, j’aimerais vous en présenter un surtout pour son angle d’approche, il s’agit du best seller de Steven Levitt et Stephen Dubner qui s’intitule «Think like a freak» dont j’ai fait référence dans «La folie du contrôle». Traduction intégrale selon google : «penser comme un monstre» ou plus justement selon moi : «penser de façon saugrenue».

Ce livre écrit par un économiste et un journaliste est la suite de «Freakonomics» et «SuperFreakonomics». Dans les deux premiers livres, on fait des liens entre la science économique et plusieurs situations sociales. Dans le troisième livre, les auteurs présentent la façon de penser derrière les deux livres précédents.

Dans le premier chapitre, on donne l’exemple d’un joueur de soccer qui doit exercer un tir de barrage, point décisif pour la victoire ou la défaite d’une partie. Le joueur a le choix de tirer dans le coin gauche ou droit du filet. Si vous connaissez le soccer, vous savez que le gardien, pour arrêter le tir, devra avant même que le joueur ait fini son botté, prendre une décision et sauter d’un côté ou de l’autre du filet. Si par chance, le botteur tire du côté opposé à celui où le gardien saute, il a de fortes chances de réussite. Pour cette stratégie, la chance de compter est d’environ 50 %. Par contre, il peut aussi tirer au centre, il y a très peu de chances que le gardien reste au centre. La stratégie de tirer au centre donne 75% de chance de compter, c’est beaucoup mieux que la stratégie conventionnelle. Quelle stratégie pensez-vous que le joueur utilisera? Dans la réalité, les joueurs tirent au centre dans seulement 12 % des cas.

Pourquoi les joueur ne tirent-t-ils pas au centre plus souvent si tout porte à croire que c’est une stratégie gagnante?

Pour répondre à la question, il faut comprendre quel est l’incitatif le plus fort pour le joueur : la volonté de gagner ou la peur de perdre la face. S’il suit la voie traditionnelle, même s’il échoue, il ne risque pas de perdre la face. Les gens diront : «il a été malchanceux», ou «il a raté son coup», mais sans plus. Par contre, s’il tire dans le centre et échoue, ce sera terrible pour sa réputation. Si c’est pour une partie de championnat, son échec fera la manchette des journaux. Donc, penser comme un « freak », c’est aller au delà des apparences et se poser la question sur ce qui incite réellement les gens à agir. Mais selon moi, c’est aussi parfois oser tirer au centre pour gagner.

Selon les auteurs, leur série de livres est animée par quelques idées simples :

  1. Comprendre les incitatifs des gens nous permet de résoudre bien des problèmes.
  2. Comprendre les indicateurs et les mesures permet de réduire un peu la complication de ce monde déjà compliqué. Rien de mieux que les chiffres pour semer la confusion.
  3. La sagesse populaire est souvent fausse.
  4. Une corrélation ne veut pas dire un lien de causalité
J’aime ce livre car penser comme un «freak» est à la portée de tous et s’applique à plusieurs contextes de la vie ou du travail.

Au delà de l’idée principale, c’est le style qui m’a plu. Tout au long du livre, les auteurs, pour démontrer leurs thèses, nous présentent des récits. Ils nous expliquent au chapitre huit en quoi cette méthode est la meilleure pour convaincre des personnes. On retrouve également des résultats d’études qui sont souvent contre-intuitifs et qui permettent une remise en question sur des idées reçues. Voici quelques passages que j’ai retenu.

Au chapitre six, on apprend que les messages publicitaires qui fonctionnent le plus pour changer les habitudes de vie des gens ne sont pas ceux qui mises sur l’éthique, pas plus que ceux qui présentent des gains monétaires ou d’efficacité. Les messages qui réussissent bien disent aux gens que tous leurs voisins agissent ainsi. Comme quoi l’humain avant d’être attiré par l’appât du gain ou la rectitude éthique est un être social, un mouton qui veut surtout imiter les autres pour ne pas sortir du lot.

Au chapitre sept, on nous parle des demandes excessives du rockeur David Lee Roth aux salles de concerts qui présentent ses spectacles. Dans les contrats, il est spécifié que dans la loge du groupe Van Healen, il doit toujours y avoir un plat de M&M, mais attention, les hôtes doivent enlever toutes les rouges du plat. Précieux ce personnage vous direz. En fait, pas du tout, il s’agit d’une stratégie pour savoir si les diffuseurs lisent bien et appliquent bien le cahier des charges. Si le rockeur trouve des M&M rouge dans son plat, le groupe fera une double vérification des installations de scène pour s’assurer de la sécurité. Cela est inspirant pour un gestionnaire qui veut instaurer des contrôles dans son entreprise sans trop complexifier les choses.

Au chapitre huit, on nous dit que malgré un consensus scientifique, une bonne partie des Américains ne croit pas aux changements climatiques. On pourrait croire que cela est dû à un manque de culture scientifique de la part de la population. Une étude révèle plutôt que les climato-sceptiques sont en proportion similaire chez les gens ayant une bonne et une mauvaise culture scientifique. L’étude révèle que plus les gens sont instruits, plus leurs positions sont tranchées. Les auteurs soulèvent l’hypothèse que les gens instruits font plus souvent l’expérience du sentiment d’avoir raison et sont ainsi plus confiants qu’en à leurs connaissances et leurs positions. Comme quoi l’instruction n’amène pas nécessairement une plus grande ouverture, chose que j’ai souvent observée lors de discussions auprès de mon cercle de connaissances.

J’ai ici présenté uniquement quelques passages du livre, il regorge d’histoires et d’études de la sorte. Je vous laisse le lire pour vous en faire votre propre idée, j’espère vous avoir convaincu.

 

Jérôme Guy, BAA, MBA

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